Victimes du massacre de Srebrenica – Mémorial de Potocari | Crédit Photo -- Damir Sagolj / Photographers Blog / Reuters
Juillet 1995, les forces du Général Mladic pénètrent dans l'enclave musulmane de Srebrenica. Après plusieurs mois d'offensive, des unités de l'Armée de la République serbe de Bosnie prennent la ville, pourtant déclarée « zone de sécurité » par l'ONU. Près de 12 000 hommes tentent de fuir vers Tuzla, située à 50 kilomètres. Tout cela se passe sous les yeux des Casques bleus néerlandais, impuissants, censés assurer leur protection. Rapidement rattrapés par petits groupes, la majorité des fuyards ont été tués. Le même sort est réservé à ceux qui acceptent de se rendre. Très peu d'entre eux atteindront Tuzla. Le massacre aurait duré près de cinq jours et les victimes sont estimées à environ 8 000 morts. Néanmoins, le chiffre exact reste difficile à établir, puisque les cadavres ont été enterrés dans des charniers, pour être ensuite déplacés pour ne pas éveiller les soupçons. À l'heure actuelle, de nombreux corps sont encore manquants, et beaucoup de restes humains sont encore difficilement identifiables.
PERPÉTUER LE SOUVENIR
Désormais, de nombreuses associations, en Bosnie-Herzégovine ou à l'étranger, luttent pour obtenir la vérité et veillent à ce que Srebrenica ne soit jamais oublié. En premier lieu, l'Association des Mères de Srebrenica qui regroupe les mères, sœurs ou épouses des disparus. Siégeant à Sarajevo, l'organisme se bat pour que la vérité soit (ré)établie et que les « dépouilles » soient retrouvées pour que les victimes puissent être identifiées. Au-delà du souvenir indélébile de l'événement, impossible pour elles de faire leur deuil sans les corps. Chaque année depuis 2005, une Marche pour la Paix est organisée début juillet. Les volontaires refont à l'envers le funeste chemin parcouru par les hommes en fuite, lors de la prise de Srebrenica. Si de nombreux Bosniaques prennent part à la marche, ils sont généralement accompagnés de Serbes et de Croates de Bosnie-Herzégovine, ainsi que par des étrangers. Cette année, ils ont participé à l'inhumation de 409 corps au mémorial de Potocari-Srebrenica, construit sur l'ancienne base des Casques bleus. Cette marche est accompagnée d'une cérémonie commémorative en souvenir du massacre. En outre, chaque 11 juillet est marqué par des cérémonies et des déclarations de représentants d'autres pays. C'est ainsi que Bekir Bozdag, vice-Premier ministre turc, a récemment assuré que « la Turquie n'oublierait pas Srebrenica ». Les associations étrangères telles que Solidarité Bosnie luttent au quotidien, pour faire connaître les événements de Srebrenica, et perpétuer leur souvenir à travers l'Europe.
CONTROVERSES ET INSTRUMENTALISATION DU PASSÉ
Si Nikolic, le Président serbe, s'est excusé « à genoux » pour le massacre de Srebrenica en avril dernier, son discours était bien différent lors de son élection. Il déclarait, à ce moment, qu'il n'y avait pas eu de génocide à Srebrenica. Par populisme ou par la volonté d'améliorer ses relations avec l'Union Européenne, le dirigeant serbe n'a malgré tout jamais reconnu la qualification de « génocide », pourtant préconisé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). En Serbie, les événements ont régulièrement été minimisés par le pouvoir. Bien que le TPIY ait jugé coupables Mladic et d'autres dirigeants, cela ne suffit toujours pas à rétablir la vérité et à apaiser les tensions. De nombreux charniers restent à découvrir et une véritable loi du silence existe autour de ces derniers.
Les enquêtes avancent relativement lentement et la légitimité du TPIY est parfois remise en cause. En outre, bien que le TPIY se soit attaqué aux fautes individuelles, plusieurs polémiques émergèrent par rapport au rôle des différents États et de la communauté internationale. Il fut ainsi reproché à l'ONU, de ne pas avoir vu venir ce génocide et d'avoir échoué dans sa mission de protéger les victimes. Pire encore, le comportement des Casques bleus néerlandais a été soumis à de vives critiques. Le rôle de l'État serbe a été plusieurs fois mis en doute, bien que ce dernier ait désormais été innocenté. Néanmoins, l'État néerlandais, lui, a été condamné en juillet 2011 pour avoir « donné » trois musulmans aux forces de Mladic.
Dix-huit ans après, la situation n'a donc pas réellement changé. La position serbe vis-à-vis de l'événement s'est certes adoucie, mais le TPIY n'a pas pu remplir entièrement son rôle. Les familles cherchent toujours leurs disparus et les corps ne cessent de s'accumuler au mémorial.
Les enquêtes avancent relativement lentement et la légitimité du TPIY est parfois remise en cause. En outre, bien que le TPIY se soit attaqué aux fautes individuelles, plusieurs polémiques émergèrent par rapport au rôle des différents États et de la communauté internationale. Il fut ainsi reproché à l'ONU, de ne pas avoir vu venir ce génocide et d'avoir échoué dans sa mission de protéger les victimes. Pire encore, le comportement des Casques bleus néerlandais a été soumis à de vives critiques. Le rôle de l'État serbe a été plusieurs fois mis en doute, bien que ce dernier ait désormais été innocenté. Néanmoins, l'État néerlandais, lui, a été condamné en juillet 2011 pour avoir « donné » trois musulmans aux forces de Mladic.
Dix-huit ans après, la situation n'a donc pas réellement changé. La position serbe vis-à-vis de l'événement s'est certes adoucie, mais le TPIY n'a pas pu remplir entièrement son rôle. Les familles cherchent toujours leurs disparus et les corps ne cessent de s'accumuler au mémorial.